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A notre vénérée Ministre sans qui les auteurs ne seraient rien (ce qui, pour la plupart, constituerait une réelle opportunité de carrière, puisqu'à ce jour, ils sont considérés comme des moins que rien).
Madame sa sérénissime Ministre Fleur Pellerin
A Meaculpa, nous avons pour devise — et cela est inscrit au fronton de notre congrégation — de nous confondre en mille courbettes obséquieuses et en non moins nombreux laudatifs affables devant les grands de ce monde, tant nous savons ce que les courtisans ont à gagner en pratiquant l'art de bien flatter.
Nous sommes donc ravis, enchantés, émerveillés, éblouis, et reconnaissants de voir que dans sa très grande mansuétude, Madame sa sérénissime Ministre Fleur Pellerin vient de décerner à quelques gratte-papier obscurs se réclamant d'un mouvement de rombières en mode pré-ragnagna un titre Ô combien convoité par ceux qui croupissent dans les caniveaux de la gloire : la médaille de Chevalier des Arts et des Lettres.
Telle médaille, semblent penser quelques fâcheux de la BD, devrait plutôt s'appeler : gourmette de Larbin de l'Industrie et du Divertissement.
Les artistes étant des gens d'une grande saleté, assimilables à des porcs, réputés porteurs de mille maladies honteuses transmises par de douteux orifices, sa grandeur Madame la Ministre a préféré annoncer ces nominations par des voies non officielles, afin d'éviter tout contact physique avec cette épouvantable maladie aussi répugnante que contagieuse qui sévit dans le milieu de la BD : la misère.
Misère ? Vous avez dit misère ? Fleur Fleur Fleur... Petite orpheline des bas-fonds de Séoul... As-tu donc oublié ce que c'est qu'avoir faim ? Te souviens-tu de cet enfant tremblant de froid, sous la pluie et les crachats, pleurant aux portes toujours closes de la Charité ? He oui, c'était bien toi ! Et maintenant ce sont eux. Eux, les artistes. Eux, les gueux. Ceux que tu patronnes du haut de ton ministère et qui te permettent de siéger sur le moelleux molleton des chaises rembourrées de l'Etat.
L'agonie des artistes est un spectacle d'un rare divertissement dont les ronds-de-cuir (appelés pompeusement hauts fonctionnaires) et les édiles des ministères sont particulièrement friands. Il y a mille manières d'administrer la mort : les bourreaux ingénieux préfèrent prendre leur temps, et les consignes venues d'en haut sont aujourd'hui parfaitement claires : qu'ils meurent, oui, mais lentement ! 36% d'auteurs dans la plus grande indigence ? Regardez ! Ils bougent encore ! Augmentons les cotisations des retraites complémentaires qu'ils ne toucheront jamais ! Quoi ? Ils poussent encore un râle d'agonie ? Vite, appelez un prêtre pour les derniers sacrements et étouffez-les avec une hostie en forme de grosse médaille de Chevalier des Arts et des Lettres ! Comment ? Ils persistent à survivre à la misère, la torture, l'humiliation et les mauvais traitements ? Signons tout de go le TAFTAahahahaha !
La fosse commune ne cesse de se remplir d'auteurs et c'est sur les charniers que poussent, paraît-il, les fleurs les plus belles. C'est là que notre sérénissime Ministre de la Culture s'y épanouit avec bonheur. A Meaculpa, nous ne sommes pas avares et allons vous dévoiler, en avant-première, la vraie nature de notre chère Ministre de la Culture. Fleur n'est pas une rose, ni une pivoine, ni une orchidée, encore moins une Pensée. C'est un chrysanthème.