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5 février 2013 2 05 /02 /février /2013 10:54

Bilal-fantomes-louvre-02-713x1024Le musée du Louvre donne, à cette heure, une exhibition de la plus abjecte nature. D’incestueux palimpsestes forment une pornographie d’œuvres non consentantes, et pour ainsi dire, violées sous l’œil ébaubi du touriste nippon (dont on connaît les goûts abscons en matière de coït).

 

L’auteur du crime a commis, à vingt-trois reprises, l’odieux accouplement d’un mort avec un mort-vivant. Certains tribunaux complaisants jugeraient Enki Bilal — car c’est là le nom du monstre — pénalement irresponsable, tant il a tenu, avant de s’adonner à ses actes immondes, des propos extravagants. Ainsi, sa démarche aurait été guidée, lors de ses visites dans le musée désert, par les « voix » de « fantômes », qui lui auraient « raconté » leur histoire.

 

L’au-delà a parlé ! Bilal est son intercesseur ! Des âmes tourmentées stationneraient donc autour des grands tableaux sévères et des statues amorphes, en quête d’un dessinateur de caricatures qui accepte de leur tirer le portrait (hier, dans les allées d’Auchan, frère des ours n’a-t-il pas cru voir le visage de Jésus dans un paquet de Golden Gram’s ?).

 

exposprayAinsi, Bilal a-t-il pris les clichés de 400 œuvres du Louvre, en a sélectionné 23, les a faits imprimer pour les recouvrir des portraits cadavériques de spectres imaginaires, semblables aux clones des Chti à Ibiza, désespérés de n’avoir pas pu voir Céline Dion en concert à la salle omnisports de Béthune malgré dix-huit heures de camping devant le guichet pris d’assaut.

A la manière d’un tueur en série enfermé dans son mode opératoire, Bilal peint par-dessus les clichés d’œuvres antiques, à la missionnaire, ses portraits blafards à la peau malade dont l’expression obstinément monochrome révèle le côté sociopathe de son auteur.

masque-fantome-adulte.jpg


Bilal entend des voix. Celles de fantômes de personnages morts tragiquement. Mais si cet homme est doué de tant d’étonnantes capacités, pourquoi n’entend-il pas les âmes damnées de Goya, du Greco, de Rembrandt clamer au viol, du fond des vieux caveaux ? Ne les entend-il pas hurler, furieux de voir leurs œuvres se faire besogner par ses cadavres, se faire posséder sans pourvoir les défendre ? Ne perçoit-il pas leur rage impuissante, à voir sculptures et grandes toiles de maître ne devenir que les arrières plans, les décors, les papiers peints d’un coloriage morbide ? 

 


Que dirait Enki Bilal si, dans ce futur post apocalyptique qu’il lui plait tant de dépeindre, ses planches exposées dans des exo-musées étaient ainsi soumises à « interprétation » par des auteurs contemporains, invités à polluer son univers d’ectoplasmes de Titeuf, Kid Paddle, Iznogoud ou Garfield ? Ne se retournerait-il pas dans sa crypto-tombe, et n’articulerait-il pas de ses lèvres injectées de rage et de bio-sang : salauds ! Bande de salauds !


msxt84tk.jpgIl est une règle d’or que notre congrégation aime à enseigner : n’inflige pas à autrui ce que tu ne veux pas subir. Ainsi, nous prions pour que Enki Bilal fasse des progrès en matière d’amour de son prochain, en commençant par ses prédécesseurs. Car qui sait ce que lui réservent les prochaines dégénérations d’auteurs… 

 

Frère Jacques

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