Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
8 octobre 2013 2 08 /10 /octobre /2013 09:45


Inverted coaster btr
Il y a mille façons de détourner la masse des grandes Questions de l'existence, et ceux qui ont des choses à vendre en sont d’autant plus motivés. L’acte d’achat — on ne parle pas autrement d’un meurtre ou d’un coït — doit absolument se passer de tout embryon de réflexion et n’être guidé que par le GPS de l’émotion, la zapette de la bêtise.


C’est ainsi que la société Spirou entend faire fructifier son capital — arbre maudit — en aiguillonnant tout ce qui chez l’homme l’abaisse à se goinfrer d’ordures hors de prix quand, juste à côté et sans débourser un centime, il peut se nourrir des saintes mannes de l’esprit. Ha ! Que ne faut-il pas faire pour gagner de l’argent !



travaillez-en-parc-d-attraction-cet-eteC'est là, dans le Sud de la France, cette région étalant ses vulgarités sous l’implacable soleil, que l'empire Spirou prévoit d'ouvrir un parc d'attraction peuplé d’immenses versions goguenardes et synthétiques du Schtroumf farceur, de Boule et Bill ou du Marsupilami au fond desquelles sueront de pauvres étudiants en art ou en sociologie condamnés à se dandiner sur d’exaspérants airs réjouis en agitant des mains à trois doigts à des gamins débraillés et hagards, la face enduite de sucre, à des grosses femmes en baskets et leggins poussant d’énormes poussettes à trois places remplies d’avortons hydrocéphales, suivies de bedonnants chauffeurs routiers, de chauves à bouc et à banane engloutissant d’huileuses barquettes de frites mayonnaise et de gargantuesques pains bagnat.


rubon9.jpgHa ! On a le public qu’on mérite ! Celui que Spirou convoite est bien le même qu’on trouve au parc Astérix, à Walibi, Disneyland Paris : une population crasse, prête à dépenser une paie pour tourner dans des tasses géantes, pour vomir dans de petits wagonnets lancés à toute allure sur un circuit sans origine et sans but, pour s’épouvanter de quelques os en plastique agités dans une galerie préfabriquée. Ces pauvres gens sont prêts à faire une queue interminable pour être secoués la tête en l’air par un bras articulé géant et se sentir, là-haut, un peu plus loin de ce prêt à la consommation souscrit chez une autre peluche verte à cravate, engageant, hilare, les petites gens à s’endetter jusqu’au cou. Que ne ferait-on pas pour du divertissement. Que ne ferait-on pas pour se sentir vivant.


739184915
Noble entreprise, pourrait-on croire, que de donner aux Français envasés dans le découragement la part de rêve qui les fera, lundi matin, retourner à l’école, au collège, au travail, avec dans la tête, de bons souvenirs fabriqués par tant d’attractions originales. Les rêves. Parlons des rêves. 



Hier, les chevaliers, les rois, les fées, peuplaient l'imaginaire des grandeurs d'antan. L’on se berçait de la noblesse des cœurs, des amitiés indéfectibles, des valeureux serments. Il y avait de l’aventure, des épopées, des grandes sagas épiques et de glorieux idéaux. Il y avait le Prince Eric, Rémi sans Famille, le Grand Meaulnes, Manon des Sources et tant d’édifiants destins trempaient un caractère et élevaient l’âme toujours plus haut vers le Bien.




aneLe parc d'attraction Spirou ambitionne quant à lui d’attirer les égarés toujours plus vers le bas, en leur donnant pour modèles une clique de héros sans envergure, ne s’illustrant que dans la quête de gags toujours plus débilitants. Ainsi, place aux domestiques et aux valets (Spirou), aux fainéants, aux cossards (Gaston), aux nains décérébrés s’abrutissant devant des consoles (Kid Paddle), aux poupées creuses au fond desquelles ne luit aucun diamant (les Nombrils), à des gamins lubriques obsédés par les petites culottes (Petit Spirou), à quelques désastreuses expérience de clonage (Marsupilami, Scrameustache, les Schtroumfs). En un mot : place aux ânes. Place à l’idiotie. Et merci Dupuis.


 

 

Mais peut-être… peut-être est-ce là une bienveillante démarche que d’ouvrir les jeunes paupières au monde qui les attend : un médiocre emploi de larbin (Spirou), des collègues pénibles (Schtroumf farceur) ou tire-au-flanc (Gaston), des patrons tyraniques (le marsupilami, le Grand Schtroumf), une famille de larves (Kid Paddle), d’apprenties putes (les Nombrils) ou d’hyperactifs déviants (Petit Spirou).


 

Partager cet article
Repost0

commentaires