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2 février 2016 2 02 /02 /février /2016 19:33
Sainte Fleur Pellerin… pimpim

A notre vénérée Ministre sans qui les auteurs ne seraient rien (ce qui, pour la plupart, constituerait une réelle opportunité de carrière, puisqu'à ce jour, ils sont considérés comme des moins que rien).

Madame sa sérénissime Ministre Fleur Pellerin

A Meaculpa, nous avons pour devise — et cela est inscrit au fronton de notre congrégation — de nous confondre en mille courbettes obséquieuses et en non moins nombreux laudatifs affables devant les grands de ce monde, tant nous savons ce que les courtisans ont à gagner en pratiquant l'art de bien flatter.

Nous sommes donc ravis, enchantés, émerveillés, éblouis, et reconnaissants de voir que dans sa très grande mansuétude, Madame sa sérénissime Ministre Fleur Pellerin vient de décerner à quelques gratte-papier obscurs se réclamant d'un mouvement de rombières en mode pré-ragnagna un titre Ô combien convoité par ceux qui croupissent dans les caniveaux de la gloire : la médaille de Chevalier des Arts et des Lettres.

Telle médaille, semblent penser quelques fâcheux de la BD, devrait plutôt s'appeler : gourmette de Larbin de l'Industrie et du Divertissement.

Les artistes étant des gens d'une grande saleté, assimilables à des porcs, réputés porteurs de mille maladies honteuses transmises par de douteux orifices, sa grandeur Madame la Ministre a préféré annoncer ces nominations par des voies non officielles, afin d'éviter tout contact physique avec cette épouvantable maladie aussi répugnante que contagieuse qui sévit dans le milieu de la BD : la misère.

Misère ? Vous avez dit misère ? Fleur Fleur Fleur... Petite orpheline des bas-fonds de Séoul... As-tu donc oublié ce que c'est qu'avoir faim ? Te souviens-tu de cet enfant tremblant de froid, sous la pluie et les crachats, pleurant aux portes toujours closes de la Charité ? He oui, c'était bien toi ! Et maintenant ce sont eux. Eux, les artistes. Eux, les gueux. Ceux que tu patronnes du haut de ton ministère et qui te permettent de siéger sur le moelleux molleton des chaises rembourrées de l'Etat.

L'agonie des artistes est un spectacle d'un rare divertissement dont les ronds-de-cuir (appelés pompeusement hauts fonctionnaires) et les édiles des ministères sont particulièrement friands. Il y a mille manières d'administrer la mort : les bourreaux ingénieux préfèrent prendre leur temps, et les consignes venues d'en haut sont aujourd'hui parfaitement claires : qu'ils meurent, oui, mais lentement ! 36% d'auteurs dans la plus grande indigence ? Regardez ! Ils bougent encore ! Augmentons les cotisations des retraites complémentaires qu'ils ne toucheront jamais ! Quoi ? Ils poussent encore un râle d'agonie ? Vite, appelez un prêtre pour les derniers sacrements et étouffez-les avec une hostie en forme de grosse médaille de Chevalier des Arts et des Lettres ! Comment ? Ils persistent à survivre à la misère, la torture, l'humiliation et les mauvais traitements ? Signons tout de go le TAFTAahahahaha !

La fosse commune ne cesse de se remplir d'auteurs et c'est sur les charniers que poussent, paraît-il, les fleurs les plus belles. C'est là que notre sérénissime Ministre de la Culture s'y épanouit avec bonheur. A Meaculpa, nous ne sommes pas avares et allons vous dévoiler, en avant-première, la vraie nature de notre chère Ministre de la Culture. Fleur n'est pas une rose, ni une pivoine, ni une orchidée, encore moins une Pensée. C'est un chrysanthème.

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1 février 2016 1 01 /02 /février /2016 13:44
Richard Gaitet : maestro !

Une fois n'est pas coutume, nous consacrons notre rubrique au sacre d'un immense artiste, aux pieds duquel toute notre congrégation se prosterne depuis samedi soir, et qui, selon notre ordre, pourrait être sanctifié in petto pour son oeuvre magistrale et malheureusement incomprise.
Samedi soir donc, lors de la cérémonie de remise des prix du festival d'Angoulême, un collègue, un camarade, un ami, que dis-je un frère a révélé un don particulier dans l'art de blesser l'ego des auteurs, art que nous avons érigé, à Meaculpa, en religion (chacun trouve ses adorateurs là où il peut).
L'homme de radio est sorti de son placard affable, pour réaliser une remarquable performance anti-performative, dans la droite ligne des situationnistes les plus osés. Proposant une variation sur le thème du "au revoir au revoir présideeeeent" dont rêve secrètement tout petit employé besogneux, Richard Gaitet a revêtu le costume grotesque de Fantasio pour orchestrer un happening des plus réjouissants, en forme de suicide médiatique.
En moins de 24 heures, cet artiste conceptuel a acquis une renommée internationale sans l'aide du moindre crayon, en pratiquant avec une rare générosité l'art de décevoir. Il n'a fallu que 8 minutes et 14 secondes — quelqu'un s'est empressé de chronométrer l'exploit —, pour que Richard Gaitet se mette à dos toute une profession, celle qui justement, le fait vivre.
A Meaculpa, nous ne pouvons dire qu'une chose : chapeau l'artiste.
Car l'art de décevoir est un exercice exigeant autant que périlleux, incompris par la plèbe qui n'y voit qu'une attaque, là où nous voyons un total don de soi doublé d'une abnégation certaine : comme notre Seigneur Jésus-Christ a offert sa vie pour sauver l'humanité, notre très cher Richard Gaitet s'est sacrifié sur l'autel de l'ego, pour alimenter les forces vives des auteurs.
Nous connaissons bien les moteurs de la création : angoisses pathogènes, haines compulsives, pulsions ignobles, blessures d'enfance, traumas et rancoeurs constituent les meilleurs carburants des grandes oeuvres.
Auteurs, que ne chérissez-vous Richard Gaitet, qui alimente votre réservoir créatif par sa performance héroïque ! Que ne lui allumez-vous quelque cierge, au pied des statues de la postérité ! Vous le haïssez ? Bénissez-le. Vous le méprisez ? Sanctifiez-le. Vous êtes blessé de n'avoir pas eu le bonbon, le bon point ? Tant mieux, car Richard Gaitet vous offre bien plus qu'un mauvais canular : il vous donne à manger ! Les compliments n'ont jamais nourri l'inspiration, bien au contraire, l'éloge et la flatterie en sont les meilleurs étouffe-chrétien.
Mais… quoi ? Richard Gaitet publie une lettre de mea culpa, renonçant ainsi à son geste superbe ? Il retourne lécher son micro dans l'obscurité de sa salle d'enregistrement ? A peine crucifié, il veut déjà descendre ? N'a-t-il pas saisi l'immense jouissance qu'il y a à se faire détester, mépriser, pourrir ?
En 2017, Meaculpa se propose d'animer gratuitement la cérémonie de remise des prix : nous vous promettons une grande séance d'humiliation de laquelle chacun ressortira les fesses rouges et les larmes aux yeux (ou l'inverse).
A l'année prochaine !

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6 janvier 2016 3 06 /01 /janvier /2016 18:06
Angousperme 2016

De l’Houmeau jusqu’à la préfecture, des méandres de la Charente jusqu’aux confluences de la Touvre, du bassin aquitain jusqu’aux confins du Poitou, il règne sur le pays angoumois une persistante odeur de sperme.

Depuis l’annonce de la sélection officielle du grand prix 2016 du festival d’Angoulême, se déverse en une marée blanche et âcre un déluge gluant d’une pâle compotée, de laquelle personne n’arrive à s’extraire, ni hommes ni bêtes, confits dans une douche froide et blême qui commence par endroit à cailler.

Cela sent jusqu’à Paris, et certains commencent à s’en inquiéter, car l’odeur incommode. Déjà, l’on demande des comptes au festival, décidément un peu trop amateur de cet insipide nectar. Avec la vigueur d’une demi-molle, les membres veineux du jury se défendent d’avoir choisi uniquement des petits mâles, pour la compétition officielle. Selon le délégué général du festival, les auteurs sont sélectionnés pour « l’ensemble de leur œuvre ».

L’ensemble ? Que veut donc dire : l’ensemble ? Un raccourci s’impose, que nous prenons tout de go : l’ensemble signifie bien évidemment la taille. Chacun sait à quel point, dans les vestiaires empestés des salles de sport, nos congénères masculins aiment à mesurer leurs appendices anecdotiques. Il en va de même avec le festival d’Angoulême : ici encore, c’est la taille qui compte.

Nous attendons dès lors avec impatience les modalités de sélection du Grand Prix. Le jury va-t-il se munir d’un double… heu… simple décimètre pour déterminer le gagnant ? Va-t-il tester par lui-même la vigueur des œuvres turgescentes, en s’enfilant l’intégralité de leurs BD comme on encule un taille-crayon ? Vont-ils choisir le penis kikoulol de Riad Sattouf, le godiveau badin de Joan Sfar, l’austère (et un peu chiant) braquemard de Davodeau ?

He non ! Ces derniers se sont « retirés à temps », dans un tonitruant coïtus interruptus. Ces fayots de service ont saisi l’opportunité de faire parler d’eux en se désistant de la sélection pour laisser la place à ces dames, comme on tient la porte à une jolie demoiselle pour mieux lui mater le cul. Faut-il les remercier ? Non assurément.

Sans doute le jury considère-t-il les femmes comme des objets de complaisance tout juste bons à sucer ces messieurs les artistes. Sans doute le jury estime-t-il qu’un artiste n’a de valeur qu’au regard de sa « Kross Brodukzion Her General ! ».

Si c’est la taille qui compte, que n’a-t-il décerné tout de go son petit trophée informe de chaton hébété à la masse anonyme des laborieux auteurs de Super Picsou ou à ceux qui ont tiré la langue pour étirer 1600 mètres d’une BD sans queue ni tête sous le tunnel de la Croix-Rousse, afin d’entrer au Guiness des Records ?

Nous avons hâte de connaître le grand gagnant d’Angousperme 2016, et le mettons au défi de nous dévoiler son engin, lors de la cérémonie de clôture. Quant au jury, il peut remonter sa culotte et aller chougner au coin : maman a donné la fessée. Ou plutôt : la bifle.

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8 octobre 2013 2 08 /10 /octobre /2013 09:45


Inverted coaster btr
Il y a mille façons de détourner la masse des grandes Questions de l'existence, et ceux qui ont des choses à vendre en sont d’autant plus motivés. L’acte d’achat — on ne parle pas autrement d’un meurtre ou d’un coït — doit absolument se passer de tout embryon de réflexion et n’être guidé que par le GPS de l’émotion, la zapette de la bêtise.


C’est ainsi que la société Spirou entend faire fructifier son capital — arbre maudit — en aiguillonnant tout ce qui chez l’homme l’abaisse à se goinfrer d’ordures hors de prix quand, juste à côté et sans débourser un centime, il peut se nourrir des saintes mannes de l’esprit. Ha ! Que ne faut-il pas faire pour gagner de l’argent !



travaillez-en-parc-d-attraction-cet-eteC'est là, dans le Sud de la France, cette région étalant ses vulgarités sous l’implacable soleil, que l'empire Spirou prévoit d'ouvrir un parc d'attraction peuplé d’immenses versions goguenardes et synthétiques du Schtroumf farceur, de Boule et Bill ou du Marsupilami au fond desquelles sueront de pauvres étudiants en art ou en sociologie condamnés à se dandiner sur d’exaspérants airs réjouis en agitant des mains à trois doigts à des gamins débraillés et hagards, la face enduite de sucre, à des grosses femmes en baskets et leggins poussant d’énormes poussettes à trois places remplies d’avortons hydrocéphales, suivies de bedonnants chauffeurs routiers, de chauves à bouc et à banane engloutissant d’huileuses barquettes de frites mayonnaise et de gargantuesques pains bagnat.


rubon9.jpgHa ! On a le public qu’on mérite ! Celui que Spirou convoite est bien le même qu’on trouve au parc Astérix, à Walibi, Disneyland Paris : une population crasse, prête à dépenser une paie pour tourner dans des tasses géantes, pour vomir dans de petits wagonnets lancés à toute allure sur un circuit sans origine et sans but, pour s’épouvanter de quelques os en plastique agités dans une galerie préfabriquée. Ces pauvres gens sont prêts à faire une queue interminable pour être secoués la tête en l’air par un bras articulé géant et se sentir, là-haut, un peu plus loin de ce prêt à la consommation souscrit chez une autre peluche verte à cravate, engageant, hilare, les petites gens à s’endetter jusqu’au cou. Que ne ferait-on pas pour du divertissement. Que ne ferait-on pas pour se sentir vivant.


739184915
Noble entreprise, pourrait-on croire, que de donner aux Français envasés dans le découragement la part de rêve qui les fera, lundi matin, retourner à l’école, au collège, au travail, avec dans la tête, de bons souvenirs fabriqués par tant d’attractions originales. Les rêves. Parlons des rêves. 



Hier, les chevaliers, les rois, les fées, peuplaient l'imaginaire des grandeurs d'antan. L’on se berçait de la noblesse des cœurs, des amitiés indéfectibles, des valeureux serments. Il y avait de l’aventure, des épopées, des grandes sagas épiques et de glorieux idéaux. Il y avait le Prince Eric, Rémi sans Famille, le Grand Meaulnes, Manon des Sources et tant d’édifiants destins trempaient un caractère et élevaient l’âme toujours plus haut vers le Bien.




aneLe parc d'attraction Spirou ambitionne quant à lui d’attirer les égarés toujours plus vers le bas, en leur donnant pour modèles une clique de héros sans envergure, ne s’illustrant que dans la quête de gags toujours plus débilitants. Ainsi, place aux domestiques et aux valets (Spirou), aux fainéants, aux cossards (Gaston), aux nains décérébrés s’abrutissant devant des consoles (Kid Paddle), aux poupées creuses au fond desquelles ne luit aucun diamant (les Nombrils), à des gamins lubriques obsédés par les petites culottes (Petit Spirou), à quelques désastreuses expérience de clonage (Marsupilami, Scrameustache, les Schtroumfs). En un mot : place aux ânes. Place à l’idiotie. Et merci Dupuis.


 

 

Mais peut-être… peut-être est-ce là une bienveillante démarche que d’ouvrir les jeunes paupières au monde qui les attend : un médiocre emploi de larbin (Spirou), des collègues pénibles (Schtroumf farceur) ou tire-au-flanc (Gaston), des patrons tyraniques (le marsupilami, le Grand Schtroumf), une famille de larves (Kid Paddle), d’apprenties putes (les Nombrils) ou d’hyperactifs déviants (Petit Spirou).


 

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15 juillet 2013 1 15 /07 /juillet /2013 14:36




Capture d’écran 2013-07-15 à 15.32.16
Il est un arbre toxique aux fruits puants, un arbre mimant le grand pommier du savoir divin et de la connaissance céleste, et qui n’en est que la blême ombre portée : Internet. C’est là que les auteurs qui n’ont pas encore gagné la confiance des éditeurs viennent fourbir leurs premières armes. C’est là que ceux qui l’ont entièrement gâchée reviennent lamentablement y échouer. Car toujours, un auteur tente par tous les moyens d’exister, quel que soit le support. Et s’il advenait qu’on propose aux plus désespérés de composer leurs BD sur du papier cul, certains signeraient sans l’ombre d’une hésitation.


Orangina-rouge.jpg

 

C’est le cas de Florence Dupré la Tour. Depuis bientôt deux ans, son avatar Cigish — aurait-elle des problèmes d’élocution pour se choisir un pseudo si salivaire — assomme le pauvre internaute de ses non-aventures engluées de questions existentielles lambda organisées sous la forme d’un pseudo-jeu de rôle, où une vague fiche de personnage tient lieu d’excuse aux plus basses ignominies. Ce héros sans consistance, le visage grimaçant exaspéré de tics, n’est qu’une laborieuse variation sur le thème de la méchanceté, comme en son temps une bouteille de soda munie d’une tronçonneuse agressait des vacanciers en hurlant : PARCEQUEEEEE !!!!!


Si Cigish est méchant, Dupré la Tour est lâche. Ainsi se cache-t-elle derrière ce masque grotesque, se frottant les mains de son petit subterfuge, ricanant au coin de chacune de ses cases et agitant au nez de ceux qui pourraient s’en plaindre les caractéristiques de son personnage — un vil domestique du Mal — qu’elle serait obligée de jouer pour les besoins d’une œuvre. Pour les besoins d’une œuvre. Le seul besoin d’une œuvre est d’arriver à se débarrasser de l’encombrant artiste qu’elle a dû traverser — en passant par d’infectes orifices — pour parvenir jusqu’à nous.


Capture-d-ecran-2013-07-15-a-15.30.57.pngMais dans le cas de Cigish, peut-on parler véritablement d’œuvre ? Si à Meaculpa, nous avons tendance à fouetter le sang des consciences égarées, nous savons aussi reconnaître la grandeur là où elle se trouve. Avouons-le. Il y a, sur le blog de Cigish, une part grandiose et remarquable, une dimension sublime : ce sont les commentaires. Tout l’intérêt de cet espace virtuel réside dans la lecture édifiante de tant d’avis débilitants.

Est-ce suffisant pour sauver tout le reste ? Malheureusement non. Car l’orgueil du petit chancre grimaçant Cigish est à la mesure du trou béant qui lui sert de talent : sans limites et sans fond. Le domestique du Mal s’est trouvé une cour, des adeptes, il peut enfin briller en astiquant ses vides personnels devant ses admirateurs. L'exposition de ses soubresauts intérieurs entretient quelque rapport avec la pornographie, de sorte que Dupré la Tour aurait mieux fait de s'appeler Du Poil Autour, afin d'apporter de la cohérence à sa stratégie marketing.


Poussant la logique de son personnage jusqu’au bout, Du Poil Autour va jusqu’à nous imposer un dessin si malhabile et si laid qu’il semble n’être fait que pour se moquer du monde. La question essentielle que pose cette démarche n’est pas la quête inepte d’une personnalité inexistante, mais plutôt : s’il est entendu qu’un auteur peut stagner dans la flaque de boue qui lui tient lieu de miroir, peut-il à ce point régresser un stade aussi basique ?


greystoke4Bien. Mal. Noir. Blanc. Gentil. Méchant. Haut. Bas. Dieu. Diable. Gauche. Droite. C’est sur le mode binaire que fonctionne ce récit microscopique. L’apprentissage de la vie est avant tout un apprentissage de la nuance. N’apprend-on pas, depuis la maternelle jusque dans des écoles d’art hors de prix menant à des métiers ingrats, à parfaire son coloriage ?

En ce domaine, Du Poil Autour semble n’avoir jamais utilisé que deux crayons. Elle oscille entre la gentillesse et la méchanceté, comme un métronome battant la mesure d’une laborieuse composition musicale. C’est là le signe d’une grande immaturité que d’utiliser de puissants contrastes pour masquer la faiblesse du contenu. Moi, méchant. Toi, gentil. Moi Tarzan. Toi, Jane. OOOoooolioliooooooliolioooOOOO.

 

Lorsqu’on décide d’exister sur le web, se pose forcément la question des concurrents. Dans le cas de Du Poil Autour, ce sont les blogs girly. L’on fait aux blogs de filles un très mauvais procès. Les contenus en seraient niais et superficiels, peuplés de petites créatures sottes confrontées à d’épineux problèmes de talons. Ils le sont assurément. Il n’y a qu’à lire les commentaires donnés sur actuabd par la masse anonyme pour comprendre à quel point ces blogs sont haïs. Ils sont haïs… car ils ne font de mal à personne.


8f91955298d80a0d7724ec2962dd9f3dplayer.jpgA l’inverse, le blog de Florence Du Poil Autour entend faire du mal à tout le monde, et c’est l’humain qui singe le diable qui n’est qu’une caricature de Dieu. Entre un blog girly sur les cup-cakes et celui de Cigish électrocuté de vaines gesticulations, si l’intention diffère, le résultat est identique : se faire détester par ses pairs. En ce sens, on peut dire que Du Poil Autour tient, elle aussi, un blog de fille. Ses efforts désespérés pour éviter d’entrer dans cette catégorie n’y font rien. S’enlaidir au point de ne plus ressembler à rien qu’à une petite momie de travelo ? Blog de fille. Opter pour du noir et blanc afin d’accréditer le contenu par le sérieux un peu chiant d’une bichromie qui se la pète ? Blog de fille. Se lancer éperdument dans cette aventure vouée d’avance à l’échec qu’est la quête de soi en intégrant des religiosités précieuses et des paranoïas imaginaires ? Blog de fille. Faire s’accoupler le réel et la fiction en mode bondage, comme l’ont fait depuis bientôt cent ans tous les adeptes du Nouveau Roman ? Blog de fille ! Blog de fille ! limousine-mariage-hummer-h2.jpgA tant vouloir s’extraire de ce modèle, Du Poil Autour ne fait rien que le mimer bêtement, en produisant une bien vilaine petite chose aboyante mais somme toute assez inoffensive, comme un roquet de mémère qui se prendrait pour Wolverine. Un bidet, pour les chutes du Niagara. Une Fiat Punto, pour une limousine Hummer. Un anonyme du web, pour un immense auteur.


Capture d’écran 2013-07-15 à 15.31.39On ne s’improvise pas méchant comme on s’improvise dessinateur. Du Poil Autour voudrait bien jouer le mal, mais rien d’atroce ni de vraiment cruel ne vient choquer le petit lecteur. Il n’y a que le récit d’une petitesse formant un insignifiant récit. Nous le proclamons : en choisissant le Mal, Cigish se trompe de camp. Notre expérience du démon rampant partout comme une peste noire nous fait dire : Cigish ! Petit joueur ! Que n’as-tu motivé chacune de tes actions par la poursuite du bonheur de tes semblables ? Que n’as-tu répandu autour de toi la gentillesse, le pardon, l’abnégation et le partage ? Que n’as-tu été bonne, charitable et humble ? Tu serais bien mieux parvenue à tes fins ! Car on sait de quoi sont faites les innombrables routes qui mènent droit aux enfers : elles sont pavées de bonnes intentions.

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10 juillet 2013 3 10 /07 /juillet /2013 20:06

Capture d’écran 2013-05-03 à 22.24.12Le site Wartmag — qu’on pourrait accuser de racolage actif tant ses sujets sont putassiers comme le sont les ineptes couvertures de la revue Casmate qu’il promeut (mate la case, rince-toi l’œil, petit bédéphile lambda) — le site Wartmag, donc, se vautre dans la glaire et le foutre en annonçant la sortie prochaine sur Arte Radio d’un feuilleton radio pornographique, « violemment paillard », Masterbite, au nom tout droit pompé sur le dard violet et dépourvu de poils de la téléréalité.


250px-Świnia wietnamska aktHein ? Quoi ? Meaculpa dérogerait-il aux règles de son ordre en se fendant d’une homélie sur un programme radiophonique qu’il n’a pas même écouté ? Si nous ne lisons pas les bandes dessinées que nous critiquons — comme au bon temps du Moyen-Age et de la très Sainte Inquisition, il n’était pas besoin d’écouter la défense des sorcières pour en sceller le brulant destin —, oserions-nous faire le procès de la Radio, cette belle dame sans visage ? Non, non. L’objet de notre croisade contre la prolifération du même provient de Lewis. De Lewis Trondheim.


Nous le trouvons aujourd’hui à scénariser un feuilleton grotesque — la pornographie l’est toujours — six épisodes « très courts, autour de 5 minutes ». Six coïts lambda. Le temps que mettent la plupart des Français pour faire péter la purée


480991 10151484936004222 1768194210 nEt nous nous interrogeons. Comment ce nucléotide peut-il se revendiquer une quelconque connaissance en matière de sexualité ? Oui, nous le proclamons, Trondheim est un imposteur. Son petit « moment » pornographique ne saurait éclipser sa vraie nature, en tous points comparable aux amibes, aux lymphocytes, macrophages, mitochondries et autres cellules mono-tâche. Car Trondheim ne se reproduit pas comme vous et nous, par échanges de fluides conclus à l’issue de laborieuses parades. Non, il ne se reproduit pas. Il se duplique.


cellules-T- thumbLewis Trondheim procède dans son œuvre comme une cellule se comporte dans un corps : en se multipliant. Adepte de l’itération iconique — ce bégaiement graphique —, spécialiste du contrôle+C contrôle+V, Trondheim s’est illustré très tôt dans la recherche d’une (re)production fondée sur la copie à l’infini d’un même item, et ce qui apparaît aux yeux du lecteur mystifié comme une contrainte fort oppressante n’est peut-être, finalement, qu’une inclination naturelle à se conformer à son état.

 

armee-defile-synchro-parfaiteUne autre donnée confirme nos propos : à l’image des cellules, mais plus encore des bactéries et des virus, Lewis T se développe en occupant l’espace, et c’est par le nombre qu’il entend gagner. L’invasion par la masse, voilà le protocole adopté par ce leucocyte. Toujours, L Trondheim est là, proliférant sur les étalages qui ne restent jamais trois mois sans qu’une réplique de sa production — ni tout-à-fait la même, ni tout-à-fait autre — n’impose sa présence, comme une mycose vaginale dont on peine à se débarrasser. A-t-il fini de contaminer le papier ? Qu’importe, il reste d’autres supports à coloniser, d’autres organes où développer de belles métastases ! Aujourd’hui, c’est la radio, mais hier ce fut pire : souvenez-vous de ces timbres collector de la Poste ornés de ses dessins, dont le derrière se fait copieusement lécher par des fans à l’haleine puante et à la langue chargée des derniers reliefs d’une assiette de tripaille (c’est dire toute la considération qu’il porte à son œuvre).

 

Capture d’écran 2013-05-03 à 22.17.35Et demain ne sera pas mieux : il n’y a qu’à voir cet imbécile petit boursicoteur, qui, pour 344 €, vient de remporter aux enchères — enchères organisées sur le site même de l’auteur — un vague badge de festoche serti dans son plastique, sans même l’ombre d’une signature ou d’un micro dessin. A quand les rognures d’ongles dans leur boîte de Pétri vendues 350 € l’unité ?

 

cinema-moche-mechant-2-bande-annonce-teaser-L-8hE6iL.jpegPeut-on prêter à une cellule quelque noirceur ou sentiment contradictoire ? Non, certes, et c’est forts de cette évidence que nous pardonnons à L. Trondheim l’absence totale de profondeur d’âme de toute sa production. Ses récentes tentatives autobiographiques se résument excellemment dans le titre qu’il donne à ses pages les plus personnelles : les petits riens. Rien. Néant. Nothing. Mais en plus petit. Déguisé en hibou albinos dont le plumage est immédiatement sali par les doigts gourds de la masse, Lewis T. ne dit rien de véritablement intime, hormis une vague phobie qui lui tient lieu de personnalité et une détestation des journalistes qui n’est qu’une façon détournée de dire qu’il conchie les auteurs, puisque, comme chacun le sait, un journaliste n’est jamais rien qu’un auteur raté (et nous sommes bien placés, à Meaculpa, pour le savoir). Jamais il ne se dévoile pour montrer au grand jour ses paradoxes, ses petitesses et ses noirceurs qui le feraient entrer, glorieux et triomphant, dans la famille des vénérés humains. Le virus ne saurait dévoiler son mécanisme, car voilà : d’autres pourraient s’en servir pour créer quelque antibiotique ou copier son protocole de prolifération en l’améliorant, pour infecter avant lui des hôtes non consentants. Alors, LT se contente de muter, de case en case, d’œuvre en œuvre, de support en support. L’argent ne procède pas autrement, et c’est là le signe de la Bête que nous combattons avec acharnement.

 

Photo virus H5N1 BISTrondheim est un organisme cellulaire. Et nous l’avons démontré, de la famille des virus. Et voilà que soudain, la corrélation se fait, lumineuse et si claire ! Le petit « moment » pornographique n’est pas le signe d’une imposture, mais bien, au contraire, celui d’une logique aussi efficace qu’une paire de gros nibards sur la couverture d’un numéro de Casemate, tant l’évidence nous saute maintenant aux yeux. Car voilà : si Trondheim semble en connaître un rayon au point de nous imposer sa conception radiophonique du coït, c’est qu’en vérité, cet organisme sait de quoi il parle. C’est un expert. Un ponte. Une référence. Et pour cause : c’est une MST.

 

article spermatozoideMST ? MST ? Oui mais laquelle ? Une blennorragie autrement appelée chaude-pisse ? Une chlamydiose ? Un chancre mou ? Un herpès génital ? Une bonne vieille syphilis ? Non, non, vous n’y êtes pas. En bon Sida qui se respecte, Lewis se camouffle sous des masques divers, reniant publiquement sa nature profonde en affichant un dégoût pour les germes et les maladies. Toujours il agite sa petite fiole de gel antibactérien, comme Astérix porte à la ceinture sa potion magique d’origine douteuse. Toujours, il s’oint du précieux liquide après chaque attouchement, et s’il pouvait, il se collerait des serviettes hygiéniques dans les paumes de ses mains pour s’éviter tout contact avec de dégoûtants humains. Toujours, il répugne à côtoyer d’infectes fans de base macérant dans leur jus âcre depuis des heures pour réclamer leur dû sur des cahiers moisis, comme il répugne à serrer les mains moites d’embryons d’auteurs, encore tout recouverts de glaires placentaires et de mucus utérin.

 

Quand la médecine est vaine à vaincre les fléaux, quand la science de ce monde capitule face aux pandémies, il ne reste plus qu’à se tourner vers notre bon seigneur, et prier pour que le « moment » pornographique de Lewis Trondheim ne ressemble pas à son mode opératoire de prédilection, l’itération phonique du vocabulaire lambda de vidéos Uporn :

Chienne, salope, chienne, salope

Prends-ça, chienne, prends-ça, salope

Ho non pas ça, ho non pas ça

Prends-ça, chienne, prends-ça salope

 

Pour les siècles des siècles.

Amen.

 

 

 

http://www.lewistrondheim.com/blog/

http://www.lewistrondheim.com

 

 


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29 mai 2013 3 29 /05 /mai /2013 20:57

La vie d’Adèle

Jésus est amour. Dieu est pardon. Et le jugement dernier saura mesurer les âmes. Celle d’Abdellatif Kechiche pèsera sans doute le poids de la grossièreté mal équarrie d’une carcasse de porc pendue à un crochet de boucher.  angelique-et-le-sultan-01-g

L’adaptateur Kechiche, vague translateur d’une œuvre de bande dessinée, se voit décerner une palme d’or qui, si elle se trouvait entre nos mains, servirait à fouetter bien vertement la croupe bouffie d’orgueil de celui qui, tout enduit de vantardise, se présente comme un créateur, alors qu’il n’est qu’un simple exécutant (un « exé », dit-on dans le milieu des graphistes.


L’imposteur connait, au fond du puits répugnant qui lui sert de conscience, la mesure de son forfait. Ainsi, depuis deux ans, n’a-t-il pas répondu aux nombreux messages laissés par Julie Maroh, l’auteur du Bleu est une couleur chaude, afin que cette petite greluche avaleuse de glaires ne vienne pas lui voler la vedette au moment opportun. Ainsi, lorsqu’il reçoit son prix, ne daigne-t-il pas citer l’auteur, ni même la recevoir alors qu’elle a fait le déplacement jusqu’à Cannes pour l’occasion. Dieu qui voit tout l’aurait même entendu dire : « Julie Maroh ? Jamais entendu parler ».


gay-pride-parade.jpg Abdellatif l’imposteur, à n’en pas douter, est doublé d’un arriviste. Le mariage gay, que Meaculpa ne saurait que défendre en ce sens qu’il ne produira rien que des enfants déséquilibrés propres à donner des artistes mal dans leur peau, et ainsi, de nouveaux ouvrages à étriller dans nos colonnes, le mariage gay, donc, tombe dans le calendrier de Kechiche comme une miraculeuse coïncidence.


Le ciel nous est témoin : les coïncidences en ce bas monde n’existent pas. Sans doute Kechiche a-t-il, dès 2011, étudié le programme électoral de François Hollande, ce rond petit pâté besognant le vide. Sans doute en a-t-il conclu que certains thèmes, plus que d’autres, lui offriraient l’opportunité d’être considéré comme un artiste visionnaire. La mise à disposition gratuite des terrains de l’Etat pour les collectivités locales ? Nul pour les scènes de cul. Le remplacement de la loi Hadopi ? Encore plus nul pour les scènes de cul. Ouvrir le droit au mariage et à l’adoption pour les couples homosexuels ? Haaa… voilà matière à faire passer du cul pour du progrès ! Et comment mieux aborder le sujet qu’en pompant l’histoire vraie d’une vraie lesbienne, afin d’accréditer le film s’il advenait quelque critique sur son manque de vraisemblance ? Ainsi, l’œuvre de Maroh met en scène deux filles banales dont le mauvais goût — se teindre bilalement les cheveux en bleu — tient lieu de seule originalité. Ni laides, ni moches, elles pourraient être toutes les filles du monde. Mais Kechiche ne l’entend pas de cette oreille. Ses filles à lui ne peuvent qu’être forcément belles, sans cela on pourrait le taxer de tomber dans le cliché des lesbiennes épaisses et carrées, des camionneuses en marcel puant le graillon. Ainsi, à trop craindre de tomber dans des lieux communs, Kechiche se retrouve à côté de la plaque. Et l’on peut dire, sans craindre de se tromper, qu’il n’a absolument rien compris de l’homosexualité. De sorte que ce film est, pour ceux qui pratiquent le sexe entre semblables, une mauvaise farce.


Ho, bien sûr, il y a de belles images, comme il y en a dans la série Martine. Les belles images sont là pour faire diversion. On ne pourra pas dire que ça n’est pas un joli film. On ne pourra pas dire qu’il n’y a pas de belles séquences. Et c’est comme si l’on pardonnait tout aux jolies femmes, même d’être sottes, même de n’avoir rien compris, justement parce qu’elles sont belles car c’est tout ce qu’on leur demande.


4300 Avec l’élégance que Kechiche n’a pas eu envers elle, Maroh dit n’éprouver à l’égard du traître aucune sorte de ressentiment. Nous le faisons à sa place, pour lui rendre justice. Ainsi, sur la page Wikipedia du cinéaste, il est écrit : « Le cinéma de Kechiche, humble et sans fard, se conçoit comme une série de fables humanistes, redonnant la parole aux petites gens qui en sont généralement privées ». Nous l’invitons à prendre pour sujet de son prochain film les conditions de travail des techniciens de l’audiovisuel, qu’il connaît assez pour n’avoir pas à pomper son scénario dans la littérature ou dans la bande dessinée. 

 

Frère Jacques

 

Le bleu est une couleur chaude, Julie Maroh

http://www.amazon.fr/bleu-est-une-couleur-chaude/dp/272346783X

http://www.juliemaroh.com/


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5 février 2013 2 05 /02 /février /2013 10:54

Bilal-fantomes-louvre-02-713x1024Le musée du Louvre donne, à cette heure, une exhibition de la plus abjecte nature. D’incestueux palimpsestes forment une pornographie d’œuvres non consentantes, et pour ainsi dire, violées sous l’œil ébaubi du touriste nippon (dont on connaît les goûts abscons en matière de coït).

 

L’auteur du crime a commis, à vingt-trois reprises, l’odieux accouplement d’un mort avec un mort-vivant. Certains tribunaux complaisants jugeraient Enki Bilal — car c’est là le nom du monstre — pénalement irresponsable, tant il a tenu, avant de s’adonner à ses actes immondes, des propos extravagants. Ainsi, sa démarche aurait été guidée, lors de ses visites dans le musée désert, par les « voix » de « fantômes », qui lui auraient « raconté » leur histoire.

 

L’au-delà a parlé ! Bilal est son intercesseur ! Des âmes tourmentées stationneraient donc autour des grands tableaux sévères et des statues amorphes, en quête d’un dessinateur de caricatures qui accepte de leur tirer le portrait (hier, dans les allées d’Auchan, frère des ours n’a-t-il pas cru voir le visage de Jésus dans un paquet de Golden Gram’s ?).

 

exposprayAinsi, Bilal a-t-il pris les clichés de 400 œuvres du Louvre, en a sélectionné 23, les a faits imprimer pour les recouvrir des portraits cadavériques de spectres imaginaires, semblables aux clones des Chti à Ibiza, désespérés de n’avoir pas pu voir Céline Dion en concert à la salle omnisports de Béthune malgré dix-huit heures de camping devant le guichet pris d’assaut.

A la manière d’un tueur en série enfermé dans son mode opératoire, Bilal peint par-dessus les clichés d’œuvres antiques, à la missionnaire, ses portraits blafards à la peau malade dont l’expression obstinément monochrome révèle le côté sociopathe de son auteur.

masque-fantome-adulte.jpg


Bilal entend des voix. Celles de fantômes de personnages morts tragiquement. Mais si cet homme est doué de tant d’étonnantes capacités, pourquoi n’entend-il pas les âmes damnées de Goya, du Greco, de Rembrandt clamer au viol, du fond des vieux caveaux ? Ne les entend-il pas hurler, furieux de voir leurs œuvres se faire besogner par ses cadavres, se faire posséder sans pourvoir les défendre ? Ne perçoit-il pas leur rage impuissante, à voir sculptures et grandes toiles de maître ne devenir que les arrières plans, les décors, les papiers peints d’un coloriage morbide ? 

 


Que dirait Enki Bilal si, dans ce futur post apocalyptique qu’il lui plait tant de dépeindre, ses planches exposées dans des exo-musées étaient ainsi soumises à « interprétation » par des auteurs contemporains, invités à polluer son univers d’ectoplasmes de Titeuf, Kid Paddle, Iznogoud ou Garfield ? Ne se retournerait-il pas dans sa crypto-tombe, et n’articulerait-il pas de ses lèvres injectées de rage et de bio-sang : salauds ! Bande de salauds !


msxt84tk.jpgIl est une règle d’or que notre congrégation aime à enseigner : n’inflige pas à autrui ce que tu ne veux pas subir. Ainsi, nous prions pour que Enki Bilal fasse des progrès en matière d’amour de son prochain, en commençant par ses prédécesseurs. Car qui sait ce que lui réservent les prochaines dégénérations d’auteurs… 

 

Frère Jacques

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11 juillet 2012 3 11 /07 /juillet /2012 18:00

mariage.jpgDe tous les sacrements que notre bon seigneur nous fait la grâce de bénir, le mariage est, sans conteste, le plus sacré. La tradition veut que la mariée se réserve jusqu’au soir de ses noces, offrant à son époux le plus précieux des anneaux, une bague de chair liant sa fraîche promesse par le sang du serment. Las ! Les belles valeurs d’antan n’ont plus court. En témoigne la récente alliance de Soleil avec Delcourt.

Après des années de vie dans le péché et le stupre, le couple a officialisé son union terrestre en 2011, par contrat, devant la loi des hommes. Il faudra attendre septembre 2012 pour que la noce soit donnée et les alliances bénies. La mariée, ce jour-là, ne sera pas vierge ! Mariée ? Mariée ? Oui mais qui, de Delcourt ou Soleil, à défaut d’offrir sa fleur de sang, déposera sa dote et renoncera à cette sottise qu’on nomme liberté ? 



delcourtsoleil.jpgLes symboles, toujours, parlent plus qu’ils ne devraient. Regardons attentivement cette affiche de festival convoquant deux personnages rivalisant de bêtise, comme le sont généralement les caricatures : Lanfeust, les couilles toujours bien empaquetées dans un petit sac de peau, l’épée greffée à sa main, même lorsqu’il fait caca, et Nävis, moulée dans une combinaison de cycliste lycra d’un vert pomme douteux, le nez perpétuellement oint d’une fiente. Se tournant le dos, prêt à s’accoupler dans une position déviante, l’arme dressée contre quelque invisible ennemi, le jeune couple n’est pas ce qu’il paraît.

Les esprits à courte vue pourraient penser : ho ! Ce soir, Nävis se fera besogner par Lanfeust ! Mais regardons plus bas. Et que voyons-nous, sous les pieds des époux, formant un cercle funeste de magie noire ? Un triangle pourpre pénétrant une flamboyante rondelle. La jeune épousée de l’affiche n’est pas celle que l’on croit. Le soleil n’est-il pas le signe des adorateurs de Râ ? Le triangle, celui des loges franc-maçonniques usurpant le symbole de notre très Saint Trinité ?



Vote-quel-est-votre-film-de-zombies-prefere_portrait_w532.jpgDans la décadence d’une fête païenne, 70 auteurs maison assisteront au coït des logos, à la partouze des identités graphiques. Et c’est par de macabres danses que la noce sera menée. Un défilé de zombies s’annonce comme le clou des festivités ! Les morts-vivants — sans nul doute des nuées d’auteurs faméliques se nourrissant de leur ego — déambuleront entre les stands, âmes en peine torturées, prisonnières de la damnation planant sur les alliances contraires. En septembre 2013, le couple fêtera ses noces de coton. Aurons-nous droit à un défilé de momies ?

 

 

Frère Jacques

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2 juillet 2012 1 02 /07 /juillet /2012 11:26

Mes bien chers frères.


Photo-virus-H5N1-BIS.jpgNotre congrégation accueille les bédéastes pénitents courbés sous le poids de leur mauvaise conscience. Ils trouvent dans le sacrement de réconciliation, que d’aucuns nomment confesse, une oreille attentive et un réconfort certain, sans avoir à ôter de leurs revenus faméliques quelque 60 euros que demanderait un charlatan de l’âme. Nombreuses sont les brebis égarées dans des voies qui ne mènent ni vraiment en enfer, ni tout à fait au paradis.

Par le serment divin prononcé le jour béni de nos saints voeux, nous ne pouvons donner d’exemple concret, ni citer de nom. Cependant, nous pouvons dire : innombrables sont les auteurs qui avouent, la mort dans l’âme, mettre leur ambition de côté pour subvenir à leurs besoins terrestres en se compromettant dans cette tendance lourde qu’est l’adaptation.


Alien_facehugger.jpgAdaptation. Le mot, ignoble, tout droit sorti du ventre glauque de mère nature, sous-entend qu’une œuvre, comme un amas grouillant de bactéries, ne survivrait qu’en rampant de support en support, de tome en tome, de série en série, de format en format, se répandant dans l’univers comme une peste endémique en quête d’hôtes à coloniser.

De cette stratégie vorace, retenons le pire : pour survivre, une vieille œuvre dépassée se nourrit des auteurs contemporains. Elle capture le temps (et dieu sait qu’il est compté) de ceux qui pourraient se concentrer sur des projets neufs et  des œuvres personnelles. Elle aspire l’énergie vitale des créateurs indigents pour mieux essaimer ses pollens morbides.


Car voilà. L’écrasante masse affamée des auteurs de bande dessinée ne peut, quand l’occasion se présente, refuser un projet d’adaptation, tant crie l’estomac de leurs petits enfants malingres souffrant mille carences, rêvant déjà de faire « comme papa ». Certains s’en défendront en parlant d’hommage concédé à une œuvre admirée, à qui l’on adresserait, par sa reprise, une forme de révérence.

Nous disons : une forme de soumission.

Car qui respecte l’œuvre initiale s’oublie. Qui s’en éloigne... trahit. Saint Pierre n’a-t-il pas renié Jésus par trois fois ? Judas n’a-t-il pas vendu son Seigneur par un baiser, signe d’amour, pour trente deniers ? La faute est grande, le rachat incertain.

 

lejoueur-726x1024Terrible trajectoire que celle des auteurs se fendant d’un ouvrage sur Cyrano de Bergerac, Bilbo le Hobbit, Don Quichotte de la Manche, Voyage au bout de la nuit, le Petit Prince, Don Juan, Madame Bovary ou l’Île au Trésor. Que deviennent-ils ? Des interprètes. Des traducteurs. Des experts de la paraphrase graphique, de la glose crayonnée.

Nous respectons la guilde des translateurs. Depuis la chute de l’orgueilleuse Babel, les langues, partout, pullulent. Personne, jamais ne se comprend et la différence est l’origine de toute guerre.

Combien de fois avons-nous entendu, dans le secret du confessionnal, des propos de cette teneur : « en ce moment, je suis sur une adaptation... c’est pas le rêve, mais bon ».

 

Mais bon.

 

Avoué sur le bout des lèvres comme une trahison commise avant tout envers soi-même, ce « mais bon » révèle l’insondable gouffre qui engloutit les auteurs acculés par la nécessité.

 

adaptation-bd-levangile-selon-matthieu-dufran-L-1.jpegNon moins lourde est la faute des vendeurs de vignettes compromettant à long terme leur fonds de commerce dans des albums de reprise, des copies dégénérées des succès d’hier, de laborieuses variations d’un thème ancien. L’intention — amener un public de jeunes débiles profonds à lire les grands textes littéraires que, dans leur bêtise, aucun ne saurait comprendre du premier coup —, l’intention pédagogique, donc, ne saurait tenir face à un « A quoi ça sert ? J’ai déjà lu la BD ! ».

 

Amen amen, je vous le dis : chers auteurs aimés de Dieu, ne versez pas dans la tentation de l’adaptation, refusez la vie parasite des gales et des chancres, dressez les saintes croix et les eaux bénites devant ce vampire qui vous appelle et vous promet la vie éternelle, car c'est de vous qu'il veut se repaître. Vade retro, nature infâme ! Satan toujours est prolifération ! Prions, prions pour nos frères pêcheurs, pour leur lâcheté ou pour leur trahison.

 

Le père abbé

 

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